• Auteur : Bernard Saint-Ange
  • Date : 18 juillet 2003 (28 juin 2005)

Recopier [...] logiciel [...] délit [...] perte [...] emploi.


- Ce petite divagation a été provoquée par une ironique parodie d’affiche réalisée au cours des dernières Rencontres Mondiales du Logiciel Libre à Metz, et trouvée sur cette page de Parinux.

- "Lors des RMLL 2003, alors que nous déambulions dans l’IUT avec nos amis du LUG de Haute Savoie, nous sommes tombés avec effroi sur des affiches du BSA.
Scandalisés, nous avons décidé de parodier cette écoeurante affiche.
Après de longues heures de manipulation avec sketch (qui n’est pas du tout prévu pour ce genre d’usage), nous sommes arrivés à ce résultat..."

En voilà un titre accrocheur n’est-il pas !

Accrocheur et d’autant plus inquiétant que la phrase originale est : "Recopier sans autorisation un logiciel sur un ordinateur de votre entreprise est un délit pénal pouvant entraîner sa fermeture et la perte de votre emploi."
Autrement dit en entreprise on risque, à utiliser les logiciels "à mauvais escient", non seulement son propre chômage mais celui de tous ses collègues réunis également !

Bien dites-moi, que de malheurs potentiels associés aux logiciels et quel responsabilité pour ceux qui les installent et les utilisent !

Je n’invente rien, tout est sur cette affiche signée par la BSA :

Je n’en connais pas la date d’émission exacte ni les conditions de sa diffusion mais il me plaît d’imaginer qu’elle était destinée à être placardée près de la machine à café de l’entreprise, lieu stratégique s’il en est.

Pas inintéressante en tout cas cette affiche.
Réussir à associer, en gros sur un format A4 à présentation aérée, le mot "logiciel" avec les mots suivants : "répression", "piratage", "délit", "fermeture", "perte", "avertissement", "contrôle", "péril" est assurément un petit exploit.
Faut croire qu’il est des messages qu’il convient de faire passer au marteau-pilon !
À comparer avec les mots-clés du logiciel libre qui me semblent être, comment dire, légèrement plus... "souriants".

Mais avant d’évoquer nos chers logiciels libres attardons-nous un peu sur la BSA, la Business Software Alliance, que les défenseurs du monde du libre rencontrent inévitablement un jour sur leur passage, surtout en cette période trouble et cruciale autour de la question des brevets logiciels.
Comme j’ai un peu peur de dire des bêtises (et vu qu’ils n’ont pas l’air très "commodes" si j’en juge au choix stylistique adopté pour l’affiche), le mieux c’est encore de se rendre sur le site officiel et voici ce qu’on peut y lire :

BSA (Business Software Alliance) est une association internationale qui regroupe les principaux éditeurs de logiciels et des entreprises développant du matériel et des technologies pour Internet et le commerce électronique. Sa mission consiste à faire mieux connaître aux utilisateurs les droits de propriété intellectuelle applicables aux logiciels.
BSA est également le porte-parole du secteur auprès des pouvoirs publics afin d’appuyer des politiques de soutien à l’innovation et d’expansion des marchés tout en luttant contre l’utilisation illégale des logiciels.
En France, les membres de BSA sont : Adobe, Apple Computer, Autodesk, Bentley Systems, Istria Finance, Macromedia, Microsoft, Progress Software, Staff & Line, Symantec.
Face au phénomène du piratage, BSA poursuit une stratégie fondée sur deux axes complémentaires : l’information et la dissuasion.

Certes.
Pour ce qui concerne la dissuasion si l’on s’en réfère à cette seule affiche c’est assez spectaculaire en effet.
Mais ce qui est tout aussi spectaculaire, et c’est là où je veux en venir, c’est l’absence de référence aux logiciels libres qui, nous le savons bien, sont une extraordinaire alternative à cette dichotomie du logiciel "dont on a dûment acquis la licence" et du logiciel "pirate".

La BSA serait-elle non mal informée ?
Évidemment non.

Le problème pour la BSA c’est que le logiciel libre apparaît comme un véritable OVNI dans l’univers classique et rassurant dont il se fait le gardien.
Si "sa mission consiste à faire mieux connaître aux utilisateurs les droits de propriété intellectuelle applicables aux logiciels" alors pourquoi ne pas informer les contrevenants qu’ils peuvent soit s’acquitter des licences pour "être en règle" soit opter pour un logiciel libre équivalent ?
Quand on regarde d’un peu plus près les sociétés qui composent la BSA on comprendra qu’il n’y a pas de place pour ces propositions d’une grande naïveté.

Cette phrase "Recopier sans autorisation un logiciel sur un ordinateur" laisse à penser que tout logiciel requiert une autorisation. Or avec les logiciels libres il n’en est rien, la diffusion est même encouragée, et ça, pour la BSA, c’est franchement "irritant" ! Chez les logiciels libres, les "pirates" sont ceux qui décident à un moment donnée de l’évolution d’un logiciel de "fermer le code". Ce sont ceux qui ne veulent plus partager et diffuser le logiciel, et ça pour la BSA c’est on ne peut plus "dérangeant" ! Quand on pense qu’en plus ces logiciels libres ont atteint un tel niveau de qualité qu’ils rivalisent allègrement et sur toutes les plate-formes avec certains logiciels phares des sociétés adhérentes de la BSA, alors là ça n’est plus ni irritant ni dérangeant, c’est carrément révoltant !

Peurs et repli sur soi qui confinent à l’égoïsme, la BSA représenterait-elle l’un des derniers soubresauts de "l’ancien paradigme" économique et relationnelle ?

On peut le lire sur le site brevets-logiciels.com [1] : Les militants du logiciels libres ne représentent pas les milieux industriels, créateurs d’emplois et de richesse durables en Europe. Actionnés par des théoriciens du "logiciel libre" n’ayant aucune expérience du monde de l’entreprise ou de l’innovation, et ils développent une construction intellectuellement séduisante, mais déconnectée de la réalité industrielle.

Je suis assez d’accord sur cette forte capacité de séduction. Quant à la "réalité industrielle", elle n’est figée et évolue en permanence.
Il est manifeste que de nombreux secteurs se trouvent bousculées par "l’esprit du libre". Ils finiront à mon avis par l’intégrer petit à petit. Et alors la déconnexion ne concernera peut-être plus les mêmes personnes...

Bon, cessons ces bisbilles stériles et bien évidemment utopiques. Je suis fier de présenter chez les petits gars de Framasoft cette parodie de la même affiche réalisée aux cours des récentes Rencontres Mondiales du Logiciel Libre (RMLL pour les intimes) par les dynamiques LUG de Paris et de Haute-Savoie :

Vous la trouverez ci-dessous au format PDF (et au format natif original sur les deux sites cités ci-dessous). Elle est libre de droits bien sûr et à diffuser un peu partout surtout si vous tombez nez-à-nez avec une annonce de la BSA.
Si tel est le cas, surtout ne la recouvrez pas avec cette parodie. Placez-là juste à côté, l’effet n’en sera que plus saisissant et sera de plus susceptible d’engager des fructueuses discussions avec vos partenaires de travail.

Bien cordialement,

Bernard Saint-Ange

[1] Personnellement je commence à me méfier des .com.


- Le site de la BSA, section française
http://www.bsa.org/france/

- Le LUG (Linux User Group) de Haute-Savoie :
http://salug.ouvaton.org/
L’affiche au format natif :
http://salug.ouvaton.org/index.php?...

- Parinux, le LUG que tout habitant de la région parisienne découvrant Linux devrait nécessairement connaître ! :
http://www.parinux.org/
L’affiche au format natif :
http://www.parinux.org/affiches/

- Les Rencontres Mondiales du Logiciel Libre :
http://www.rencontresmondiales.org/...

- Un site wiki d’information sur les brevets logiciels :
http://brevets-logiciels.info/

- Le site brevets-logiciels.com dont on peut lire la profession de foi suivante : La "pensée unique" véhiculée par un petit nombre d’activistes fervents des logiciels libres ne doit pas rester sans réponse, car il en va de l’avenir d’une industrie européenne du logiciel. Ce site offre aux entrepreneurs un forum pour présenter leur point de vue sur la question de la protection des logiciels. L’appropriation par les partisans du logiciel libre du qualificatif "libre" ne doit pas empêcher la liberté de contester leur discours.Les logiciels sont brevetables et doivent le rester.
http://www.brevets-logiciels.com/

Commentaires

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> Recopier [...] logiciel [...] délit [...] perte [...] emploi. , le 17 août 2003 par Thierry Bernard (0 rép.)

Comme dit par Blefevre, la BSA ne s’ocupe que des logiciels des éditeurs adhérents, ainsi lorsqu’ils mentionnent que la "recopie des logiciels est interdite", c’est de façon tacite "les logiciels Microsoft, Adobe...". Ils auraient pu promouvoir l’alternative du libre mais celà n’aurait point servi les éditeurs adhérents, toute personne censée comprendra donc qu’ils se taisent sur le logiciel libre.

Pour le reste je pense que ce genre d’annonce est profitable au monde du Libre et il est bon de diffuser ce genre d’information autour de soi.

Cordialement, Thierry.

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> Recopier [...] logiciel [...] délit [...] perte [...] emploi. , le 23 juillet 2003 par Blefebvre (0 rép.)

Il y a quelque temps, j’ai téléphoné au BSA pour connaitre leur position sur les shareware installés sans payer la licence. La réponse a été qu’il ne s’occupait pas de ces logiciels, mais uniquement de ceux de leurs adhérents !

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> Recopier [...] logiciel [...] délit [...] perte [...] emploi. , le 19 juillet 2003 par Gab (0 rép.)

Bien joué la contre-affiche !!! Je m’empresse de la diffuser à toutes les PME-PMI que je connais et qui auraient pu etre sollicitées par la BSA ! Excellente continuation a Framasoft et merci a Amen.fr pour la perennité !!! :-)

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